Le rapport du Ministère de l’Intérieur souligne une augmentation de 40% des infractions numériques sur cinq ans et revient sur les principaux types de cyberattaques en 2023.
Le premier rapport annuel sur la cybercriminalité, rédigé par le Ministère de l’Intérieur en France, met en lumière les défis croissants posés par les cybermenaces. Il rapporte en préambule que l’année 2023 a été marquée par une hausse significative des infractions numériques, avec une augmentation de 40% des atteintes numériques sur les cinq dernières années. Ce document souhaite dorénavant offrir une analyse détaillée de l’évolution des cybermenaces en France, des modes opératoires des cybercriminels, ainsi que des initiatives prises pour contrer ces menaces.
Les chiffres clés de la cybercriminalité en 2023
En 2023, ce rapport indique que 278 770 atteintes numériques ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie, contre 255 320 en 2022. Les infractions se répartissent principalement en atteintes aux biens (59%), atteintes aux personnes (34,5%), et atteintes aux systèmes d’information (6%). Les signalements sur les plateformes Thésée, Pharos et Perceval ont également augmenté, reflétant une prise de conscience et une meilleure identification des cybermenaces.
Les escroqueries en ligne restent les infractions numériques les plus courantes. Les techniques telles que le smishing, les faux investissements, et les faux ordres de virement ont été largement utilisées par les cybercriminels. Le smishing, par exemple, exploite les messages texte pour obtenir des informations sensibles et voler de l’argent. Les faux investissements, quant à eux, incitent les victimes à investir dans des produits financiers fictifs.
Les attaques par rançongiciel ont connu une augmentation de 28% entre 2022 et 2023. Ces attaques consistent à chiffrer les données des victimes et à demander une rançon pour les déchiffrer. Les groupes de cybercriminels utilisent des techniques sophistiquées et opèrent souvent à l’international, rendant les enquêtes et les poursuites complexes.
Les attaques DDoS visent à rendre indisponibles des sites web ou des services en ligne, causant des perturbations significatives pour les entreprises et les institutions. En 2023, ces attaques ont été souvent motivées par des raisons idéologiques ou de vengeance, et ont été exécutées par des groupes hacktivistes bien organisés.
Les acteurs de la cybercriminalité
Les cybercriminels se répartissent en plusieurs catégories : amateurs, hacktivistes, et pirates informatiques professionnels. Les amateurs, souvent imprévisibles, sont motivés par des gains financiers ou idéologiques. Les hacktivistes cherchent à influencer ou à déstabiliser en saturant les services en ligne. Les pirates informatiques professionnels, quant à eux, sont hautement organisés et visent principalement le gain financier par des attaques complexes comme les rançongiciels.
La France dispose d’un écosystème étatique robuste pour lutter contre la cybercriminalité, incluant des entités comme l’Unité Nationale Cyber (UNCyber), la Brigade de Lutte Contre la Cybercriminalité (BL2C), et la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI). Ces organismes coordonnent les efforts de prévention, de détection et de répression des cybermenaces à travers des enquêtes spécialisées et des formations académiques.
L’année 2023 a vu l’adoption de lois renforçant la lutte contre la cybercriminalité, notamment la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI). Cette loi introduit de nouvelles infractions spécifiques, facilite les enquêtes sous pseudonyme, et permet la saisie rapide des actifs numériques. Cette loi autorise également la géolocalisation en temps réel d’appareils électroniques.
Tendances et Prospective
L’usage de l’Intelligence Artificielle (IA) par les cybercriminels constitue un défi majeur. Les IA permettent de générer des deepfakes, d’automatiser les attaques de phishing, et d’optimiser les maliciels. Ces technologies rendent les attaques plus sophistiquées et accessibles même aux délinquants d’opportunité sans compétences techniques avancées.
En 2024, plusieurs tendances devront être surveillées de près, notamment la reconfiguration des groupes criminels, l’extension des usages malveillants de l’IA, et l’accessibilité croissante des services cybercriminels. La coopération internationale sera essentielle pour faire face à ces défis, avec des opérations conjointes et des échanges d’informations renforcés.
Le rapport annuel 2024 souligne la nécessité d’une réponse collective et résiliente face à la cybercriminalité. La vigilance, l’innovation et la coopération internationale sont cruciales pour protéger les institutions, les entreprises et les citoyens contre les menaces numériques. En renforçant les capacités de détection et de répression, et en sensibilisant le public, la France entend continuer à lutter efficacement contre la cybercriminalité.
Pour en savoir plus
Rapport annuel sur la cybercriminalité 2024
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